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28 octobre 2015 3 28 /10 /octobre /2015 22:00

Les dernières négociations sur le climat ont eu lieu la semaine dernière à Bonn. Y a-t-il dans le texte sorti de ces discussions les germes d'un accord ambitieux à Paris ? Les réponses d'Alix Mazounie, responsable des politiques internationales du Réseau action climat (RAC)


Vous revenez de Bonn. Il y a eu quelques coups de gueule rapportés par les médias…

Alix Mazounie : Ça faisait longtemps que les choses se passaient un peu trop calmement. Ça a claqué dès le lundi autour de la nouvelle version du texte qui circulait depuis quelques semaines (il avait été rendu public par le secrétariat de la Convention cadre des Nations unies sur le changement climatique (CCNUCC) le 5 octobre, ndlr) sur laquelle on demandait aux Etats de se positionner. La version précédente, qui comptait une soixantaine de pages, exposait les positions de tous les pays sans rien trancher. On comprend bien qu’il ait fallu couper pour arriver à un texte de négociation, mais là, en passant à 20 pages, ils ont littéralement coupé les apports de 134 pays [les membres du G77 et la Chine]. Avant Bonn, nous, les ONG, avions dit : « La forme est bien, plus lisible. Mais il manque un peu tout le fond. » C’est ce qu’ont réaffirmé les pays du G77 et la Chine en début de semaine, et pas gentiment. L’ambassadrice sud-africaine, Nozipho Mxakato-Diseko, a même parlé d’apartheid. C’était un peu fort comme terme. Mais ce qu’ils condamnaient en substance, c’est d’être obligés de quémander la réintégration d’éléments qui auraient dû être là depuis le départ. D’autant que leurs demandes ne sont pas de déraisonnables. En août, lors de la semaine précédent les négociations, ils avaient fait des efforts pour constituer, à 134 pays, un noyau commun de demandes et faire des propositions au secrétariat de la Convention. Ce n’est pas normal que ça ne se soit pas retrouvé pas dans le texte ! Résultat : ils ont rejeté le texte d’entrée en disant : « Vous vous foutez de nous ! » Ça, ce n’était pas prévu. Mais au moins le rapport de forces a été rééquilibré.

Il a fallu alors revenir en arrière. A un mois de la COP21, c’est dangereux, non ?

C’est vrai que les négociateurs ont passé la semaine à réintégrer ce qui avait été enlevé. On a perdu une semaine précieuse de négociations puisqu’on n’a pas réussi à trancher dans le vif. Le danger, c’est que, plus l’échéance se rapproche, plus les choses risquent de se passer dans la précipitation. Or, c’est dans ces moments-là que se perdent les notions clés. Ce que l’on craint, vu qu’il reste aux négociateurs à peine cinq jours (1), c’est qu’on se retrouve avec un compromis. Et les compromis se font toujours au détriment des plus faibles.

Sur quoi portaient les propositions supprimées qu’il a fallu réintroduire dans le texte à la demande des pays du G77 ?

Elles portaient notamment sur trois aspects : l’adaptation, les pertes et dommages (les impacts économiques du changement climatique dans les pays en développement, ndlr) et le financement. Dans le texte de 20 pages, ces sujets étaient devenus des non-sujets. Les pertes et dommages étaient réduits à un titre de chapitre suivi d’une phrase qui disait simplement que le sujet était reconnu comme un enjeu de l’accord (voir Article 5) ! Sur l’adaptation, c’était une série de phrases techniques. Sur le financement, ce n’était guère mieux. On avait bien mention de 100 milliards de dollars (90 milliards d’euros) par an mais entre crochets. Alors que c’est capital. Les pays en développement ont mis sur la table des contributions nationales assez ambitieuses mais elles sont toujours corrélées aux financements. Ils ont besoin d’argent, notamment pour l’adaptation. Et pour cela, il faut un engagement public. On peut financer l’atténuation avec du privé, la transition énergétique peut être rentable. Ce n’est pas le cas de l’adaptation. On se battra pour que le terme public soit dans l’accord final. Sur le financement, nous réclamons les 3 P : « public », « prévisible » et « plus ».

Vous réclamez aussi un processus de révision des objectifs…

Certains points pourraient éventuellement avoir de l’ambition mais s’il n’y a pas de système qui contraigne les Etats à revenir à la table des négociations tous les cinq ans pour revoir à la hausse leurs objectifs d’atténuation, de soutiens financiers et technologiques, cela n’a pas de valeur. Tous les cinq ans, on leur demandera combien ils sont prêts à mettre sur la table tandis que chaque année, on leur demandera d’exposer leur contribution en cours. Ils devront dire : « Voilà, ma contribution pour 2016, c’est tant. Voilà ce que j’ai dans mon plan de finances. »

Le texte de travail de 55 pages sorti de Bonn pourrait-il donner naissance à un bon accord ?

A partir de ce texte, deux accords totalement opposés peuvent être entérinés. Un accord relativement bon et un qui serait tout l’inverse. Avec l’option 1, on mettrait en place un mécanisme de révision tous les cinq ans et on placerait la compensation financière des pays en développement au cœur de l’action de la Convention. Avec l’option 2, il n’y aurait plus rien de tout ça. Dans le scénario 1, on prendrait un engagement suffisant pour financer l’adaptation en priorisant les prêts concessionnels (doté d’un élément de don d’au moins 35%, ndlr). Dans le scénario 2, tous les pays concentreraient leurs efforts sur l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre. Tout le texte est entre parenthèses. Donc tout est possible. En gros vous avez deux mondes : celui des Etats-Unis, du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande versus le monde de l’Afrique. Quel monde va gagner ? Ce n’est pas clair aujourd’hui.

Et l’UE dans tout ça ?

C’est la grande absente. On espérait qu’elle jouerait un rôle à Bonn. Un rôle de trait d’union entre les pays mais ça ne s’est pas passé. Si elle a envie d’un accord, elle va avoir intérêt à intervenir. Il faut qu’elle soit la troisième voix entre le Canada et les petits Etats insulaires.

Le brouillon d’accord ouvre-t-il la possibilité de tenir l’objectif des 2°C ?

Non, même s’il en sortait le meilleur, on ne serait pas dans la trajectoire des 2°C. Pour cela, il manque des objectifs concrets à long terme. 2°C, ça ne parle pas au monde économique. Qu’est-ce qu’il doit entendre pour comprendre qu’il faut agir ? Qu’il faut par exemple qu’on enterre les énergies fossiles. Alors, ils comprendront qu’il y a un risque à investir dans ces énergies-là. On sait qu’on n’obtiendra pas ça. Mais il faut s’en approcher le plus possible. Si le meilleur accord possible ne nous met pas sur la trajectoire des 2°C, on peut en revanche avoir un accord qui jalonne un retour aux 2°C. C’est tout l’intérêt d’instaurer ce mécanisme de révision des objectifs tous les cinq ans. L’accord socle est un texte qui est là pour durer. Il faut faire gaffe à ce qu’on met dedans. Mais ce qu’il déterminera avant tout, ce sont les rouages. Un système qui devra ensuite être tout le temps en mouvement et évoluer à mesure que les connaissances scientifiques et les besoins évolueront. L’accord ne fera pas des miracles. Mais tout est encore possible.

(1) La deuxième semaine de la COP21 sera réservée aux négociations entre ministres des Parties.

Terraeco 27 octobre 2015

http://www.terraeco.net/COP21-Apres-Bonn-tout-est-encore,62328.html

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23 septembre 2015 3 23 /09 /septembre /2015 12:12

Par leur ampleur, la fraude, l'amende et le scandale qui touchent aujourd'hui Volkswagen frappent les esprits.

"Ce scandale est une occasion unique pour ouvrir enfin les yeux sur les mensonges des constructeurs diesel et y mettre fin." a déclaré Denis Baupin Vice-Président de l’Assemblée nationale.

A chaque génération de véhicules, les constructeurs prétendent que leurs véhicules sont enfin propres... reconnaissant ainsi implicitement que la précédente ne l'était pas !

Il en va de même pour la dernière génération. Comme l'a prouvé l'étude européenne de Transports et Environnement publiée la semaine passée, 9 véhicules diesel neufs sur 10 ne sont pas conformes aux normes de pollution en fonctionnement sur route !

Certes, en laboratoire, et dans des tests préparés à dessein, irréels au regard de l'utilisation normale, les constructeurs s'arrangent pour rester en deçà des normes (et on sait depuis hier qu'ils réussissent même à concevoir des dispositifs permettant de camoufler leur pollution en cas de tests impromptus). Mais en temps normal ils polluent jusque 40 fois plus !

Pays le plus diéselisé du monde, la France paie un tribut sanitaire particulièrement lourd. Il est plus que temps d'organiser la de-diésélisation de notre parc automobile en :

- supprimant les niches fiscales diesel et en affectant une part des recettes fiscales générées à aider les ménages à faibles et moyens revenus à changer de véhicules

- distinguant clairement les véhicules diesel des véhicules moins polluants dans les pastilles qui seront prochainement délivrées, afin que les collectivités puissent mettre en place des politiques sélectives lors des pics de pollution

- accompagnant les constructeurs automobiles français - dont l'Etat est actionnaire - pour cesser de produire des véhicules diesel.

Denis Baupin, Vice-président de l’Assemblée nationale, le 22 septembre 2015

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29 août 2015 6 29 /08 /août /2015 14:00

Faire de l'écologie la priorité alors que l'immense majorité de nos concitoyens attend des emplois, une amélioration de son pouvoir d'achat et un espoir de relance économique, est parfois mal compris. C'est la raison pour laquelle 2015 et 2016 doivent nous préparer à des transitions importantes:

• Transition économique et industrielle pour mettre en œuvre à l'échelle de la France la troisième révolution industrielle que la région Nord-Pas-de-Calais a initié à l'échelle de son territoire. Cela signifie de réorienter nos investissements en particulier dans la recherche-développement vers les secteurs du « Nouveau Monde », ceux qui marient Internet et les nouvelles énergies, et qui sont à l'évidence les grands marchés porteurs d'aujourd'hui et encore plus de demain. Et cela signifie bien évidemment d'arrêter de croire dans le tout nucléaire et de mettre enfin les moyens nécessaires sur la transition énergétique et la décentralisation indispensable qui va avec. L'économie décarbonnée qui allie croissance et réduction de la consommation énergétique n'est pas celle du nucléaire ; c'est celle du renouvelable. L'économie circulaire, l'économie de fonctionnalité doivent passer d'un stade micro-économique à une véritable mutation de l'économie.

• Transition fiscale non pas pour aller vers une écologie punitive mais au contraire vers une écologie qui fasse faire des économies et qui allège les charges sociales. Le niveau lamentable de la France en termes de fiscalité écologique se conjugue avec un niveau de fiscalité les plus élevés d'Europe. Nos besoins budgétaires sont énormes en raison du poids de la dette, du niveau de chômage et d'absence de réforme de l'État. Dans ces conditions, réduire les niveaux de la fiscalité paraît utopique ; en revanche engager une révolution fiscale pour se changer la base de l'imposition, à niveau global neutre voire en légère réduction, est possible.

• Transition dans la politique de prévention aussi nécessaire que la politique de lutte contre le changement climatique. Le ministère de la santé doit mériter son nom et ne plus être celui de la maladie ce qui signifie mettre en place une véritable politique de prévention. Cela commence avec une lutte sans merci contre les pesticides et perturbateurs endocriniens, qui nous rend tous malades et coûtent des sommes pharaoniques à la sécurité sociale. C'est la double peine ! De l'agriculture au transport, en passant par les produits, la prévention sanitaire doit être un impératif. Une économie détoxifiée est aussi nécessaire qu'une économie décarbonée.

D’après Corinne Lepage, Huffington Post 7/03/2015

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18 août 2015 2 18 /08 /août /2015 13:58

Que sont devenues les centaines de tonnes de cyanure de sodium stockées dans l'entrepôt d'où sont partis les terribles déflagrations et l'incendie qui ont fait au moins 114 morts à Tianjin, en Chine? Et quels dangers font-ils courir à la population et à l’environnement ? Six jours après la catastrophe, les spécialistes ne cachent pas la difficulté à évaluer les risques. « L’ampleur de l’événement est tel qu’il est nécessairement multifactoriel et qu’il faudra du temps pour en comprendre les causes et en mesurer les conséquences », insiste le colonel Emmanuel Clavaud, responsable de la commission des risques naturels et technologiques de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France. Une chose est sûre, toutefois : c’est bien à un redoutable poison, mortel sous plusieurs formes, que les habitants du port chinois ont affaire.

Au départ, le cyanure de sodium est une poudre. Blanche, inodore. Un produit extrêmement répandu. En France, de nombreuses entreprises métallurgiques l’emploient afin de durcir les métaux. La filière textile en fait elle aussi grand usage, dans la composition de tissus acryliques.

Ailleurs dans le monde, et notamment en Chine, le cyanure de sodium, ou son cousin le cyanure de potassium, est utilisé dans l’extraction minière, plus particulièrement l’or et l’argent. « Cela nécessite toutefois des précautions draconiennes, insiste Florence Pillière, médecin et toxicologue à l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS). Un confinement complet, l’absence d’exposition des salariés et l’utilisation exclusive de machines, des dosages atmosphériques constants, et chaque fois que c’est possible, la substitution par d’autres produits. »

Cellules privées d’oxygène

Car cette poudre, ingérée par erreur – voire volontairement, pensons aux fameuses pilules des agents secrets –, ou encore appliquée contre la peau, peut s’avérer mortelle. Pire, si l’on peut dire, elle peut se transformer en cyanure d’hydrogène, un gaz létal à faible dose. C’est ce terrible composé que dégageaient les fameux cristaux de zyklon B utilisés par les nazis dans les camps d’extermination pendant la seconde guerre mondiale.

C’est ce même produit que quelques Etats américains utilisent encore pour administrer la peine de mort. Sous l’une ou l’autre de ces formes, le poison entre dans l’organisme, se fixe sur les cellules et les prive d’oxygène. « Même si vous continuez à absorber de l’oxygène, les cellules, elles, ne peuvent plus respirer », détaille le Dr Jérome Langrand, du centre antipoison Fernand Widal.

Dans cet hôpital parisien spécialisé, l’intoxication au cyanure d’hydrogène est une pathologie fréquemment rencontrée. « Typiquement dans les incendies d’appartement, précise le Dr Legrand. Dès que vous avez un feu de matière plastique, il y a un risque important de dégagement d’acide cyanhydrique [l’autre nom du produit]. » Les canapés, les coussins, certains revêtements muraux peuvent sous l’effet de la chaleur dégager le fameux gaz.

Terrible choix des pompiers

La chaleur : c’est l’un des principaux dangers, une des trois causes principales de transformation du cyanure de sodium en cyanure d’hydrogène. Les deux autres sont le contact avec un milieu acide et… l’eau. La présence de fûts de cyanure de sodium dans un incendie place donc, chaque fois, les pompiers face à un terrible choix. « Faut-il mettre de l’eau pour éteindre l’incendie au risque d’accélérer la transformation si les containers sont endommagés ou au contraire renoncer à intervenir ?, interroge le colonel Clavaud. En 2013, après le déraillement d’un train à Watteren, en Belgique, et l’incendie qui s’en était suivi, les pompiers ont choisi de laisser brûler. Le relargage dans l’air a été moindre, mais il y a eu une forte pollution des sols… »

« Nos collègues chinois ont-ils pris la bonne décision ? Savaient-ils seulement que ces produits se trouvaient là ? Je l’ignore, ajoute-t-il. Et y a-t-il eu interaction avec d’autres produits, des acides par exemple ? Là, vu l’ampleur du sinistre, c’est probable… » L’eau, c’est également la pluie, qui tombait abondamment, mardi 18 août, sur le port chinois, faisant redouter un éventuel dégagement gazeux.

Contenir les fuites

Devant l’importance du danger, il importe donc de contenir les conséquences des rejets de cyanure de sodium. Pour réduire les risques de respiration du gaz, un périmètre de confinement de 3 kilomètres a été établi autour de la zone sinistre. Des barrages de sable et de terre ont été construits afin d’encadrer une zone de 100 000 mètres carrés autour du lieu des déflagrations. L’objectif est d’éviter toute fuite de produits. Selon les autorités chinoises, du cyanure de sodium a été retrouvé à 1 kilomètre du sinistre, mais rien hors de la zone confinée. Les monceaux de containers endommagés sont également examinés pour en retirer les matériaux toxiques.

Après avoir relevé dans les eaux proches du lieu du sinistre des niveaux de cyanure jusqu’à 28,4 fois plus élevés que la normale, et même des traces dans la mer, près du port, les autorités chinoises ont fait appel à plusieurs entreprises pour les aider à dépolluer. Installé à 30 kilomètres de là depuis 1997, chargé d’alimenter en eau potable les 3 millions d’habitants de la ville mais aussi de traiter les déchets dangereux présents sur le port, le groupe Veolia a été mis à contribution. Depuis trois jours, sa centrale a ainsi reçu 500 tonnes d’eaux souillées, sorties des diverses canalisations, soit l’équivalent de sa capacité journalière, précise-t-on chez Veolia. Elle a entrepris de les traiter par oxydation (le cyanure est transformé en cyanate, beaucoup moins dangereux), puis neutralisation. D’autres livraisons sont prévues dans les jours prochains.

Toute la chaîne alimentaire est menacée

Du côté du bilan humain, rien n’a filtré, pour l’heure, sur d’éventuelles victimes spécifiques du cyanure. Mais nul doute que les Chinois vont se tenir prêts. Car si rien ne peut être fait face aux intoxications massives, foudroyantes – elles tuent en quelques minutes –, des antidotes existent pour contrer une absorption limitée. Les Français utilisent une molécule appelée hydroxocobalamine, un dérivé de vitamine B12, qui équipe les Samu et les services de réanimation. « Les Américains préfèrent le cyanocobalamine, mais c’est assez équivalent, précise le Dr Langrand. Et quoi qu’il en soit, inutile de se précipiter vers nous au prétexte qu’on est passé à Pékin [à 140 kilomètres de là] au moment de l’explosion. On ne l’emploie qu’en cas d’urgence et pour des symptômes avérés. »

Reste les conséquences environnementales. Potentiellement, elles sont importantes. « 700 tonnes, c’est énorme, et contrairement à un insecticide ou un herbicide, le cyanure attaque toutes les cellules, donc tous les organismes », précise Sandrine Andrès, responsable de l’unité d’expertise en toxicologie et écotoxicologie des substances à l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris). Des algues aux mammifères, en passant par les champignons, les mollusques et les poissons, toute la chaîne alimentaire est menacée. « Les organismes simples plus particulièrement, car ils ne disposent pas de la protection enzymatique qui nous permet de détoxifier des petites doses de cyanure », poursuit Mme Andres. Certaines bactéries, présentes dans l’environnement, jouent également ce rôle. Mais elles-mêmes peuvent être attaquées par de trop fortes concentrations de poison.

De quoi déséquilibrer potentiellement de nombreux écosystèmes. L’experte ajoute toutefois une note d’espoir à ce triste tableau : contrairement à d’autres polluants, comme le DDT, l’arsenic ou les substances nucléaires, le cyanure ne s’accumule pas dans l’organisme. Pas trop longtemps, du moins. Autrement dit, ses ravages seront rapidement connus. Des autorités chinoises, du moins.

Le Monde.fr/18 aout 2015, par Nathaniel Herzberg

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13 août 2015 4 13 /08 /août /2015 23:17

EELV accueille avec satisfaction l’adoption en dernière lecture à l’Assemblée nationale du projet de loi relatif à la transition énergétique, concrétisation d’un long combat pour les écologistes.

Ce projet de loi ouvre ainsi une brèche historique dans le pays le plus nucléarisé au monde en actant la réduction de la part de l’atome de 75% à 50% à horizon 2025. Les écologistes rappellent que le nucléaire est une filière du passé condamnée par l’explosion de ses coûts et les dangers qu’il fait peser sur nos concitoyens, comme le montre le triste exemple de Fessenheim -dont la fermeture prochaine est une promesse présidentielle- ainsi que le fiasco industriel de l’EPR de Flamanville.

De même, la diminution de 50% de la consommation énergétique à horizon 2050, le déploiement des énergies renouvelables, la division par quatre des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050, ainsi que l’augmentation de la taxe carbone afin d’encourager des comportements plus vertueux sont d’indéniables progrès.

La transition énergétique constitue en ce sens un véritable projet de société tourné vers les solutions d’avenir, qui va permettra la création d’emplois, notamment dans le bâtiment -grâce aux rénovations thermiques- ou les transports, et plus de pouvoir d’achat pour les ménages en réduisant les factures d’énergies.

Les écologistes veilleront toutefois scrupuleusement à la mise en œuvre de ces engagements et à leurs traductions concrètes dans les faits, notamment à travers les décrets d’application et la prochaine loi de finances.

Ce projet de loi doit désormais impulser un renouveau dans la définition des politiques publiques en matière climatique, alors que la France accueille la COP 21 en décembre, et qui doit se traduire par l’exemplarité environnementale et la prise en compte de l’urgence écologique et sociale.

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13 août 2015 4 13 /08 /août /2015 23:00

Depuis cette nuit, la Terre vit sur ses réserves

L’humanité vit désormais au-dessus de ses moyens. En moins de huit mois, elle a déjà consommé toutes les ressources naturelles renouvelables que la planète peut produire en un an. L’organisation non gouvernementale Global Footprint Network réalise ce calcul depuis une vingtaine d’années. Grâce à des données fournies par les Nations unies, elle compare l’empreinte écologique, qui mesure l’exploitation des ressources naturelles de la Terre par l’homme, avec la biocapacité de la planète, c’est-à-dire sa capacité à régénérer ses ressources et absorber les déchets, comme les émissions de gaz à effet de serre. L’ONG détermine ainsi le jour de l’année où l’empreinte écologique dépasse la biocapacité. Pour 2015, ce « jour de dépassement » est le 13 août.

Toujours plus précoce, cette date avance de trois jours par an, en moyenne, depuis 1970. En 2005, elle tombait début septembre et en 1975, fin novembre. « Même si notre calcul est approximatif, il montre que le dépassement est très élevé. Et que l’humanité continue d’accroître sa consommation de ressources, alors qu’elle vit déjà à crédit », s’inquiète Mathis Wackernagel, fondateur de l’ONG et cocréateur du modèle de calcul. A partir du « jour de dépassement », l’humanité creuse sa dette écologique. Une dette dont la planète et ses habitants paient déjà le prix : déforestation, baisse des réserves d’eau, épuisement des ressources aquatiques, accumulation de déchets et de gaz à effet de serre…

« Cercle vicieux »

A quelques mois de la conférence mondiale sur le climat (COP21), le jour de dépassement prend une résonance particulière. « Les négociations à venir seront capitales pour réduire l’empreinte écologique. Car les premiers responsables de son augmentation, ce sont nos émissions de carbone », précise Sebastian Winkler, vice-président de l’organisation internationale. Rien que pour absorber les gaz à effet de serre émis par l’homme, 85 % de la biocapacité totale de la planète sont aujourd’hui nécessaires, d’après l’ONG.

« C’est un cercle vicieux : notre mode de consommation dégrade les écosystèmes dont nous dépendons. Il rejette des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, et le réchauffement climatique aggrave encore la situation », alerte Diane Simiu, directrice des programmes du WWF France, organisation de protection de l’environnement.

Autres facteurs qui expliquent cette fuite en avant, l’accroissement de la population et l’augmentation du niveau de vie des Brics – Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud –, les grandes puissances émergentes. Car s’il faudrait 1,6 planète pour répondre au besoin de l’humanité, tous les pays ne sont pas logés à la même enseigne. Les Chinois auraient besoin de 2,7 Chine pour répondre à leur besoin. Ce qui la place devant la France (1,4) ou l’Inde (2), mais derrière la Suisse (3,5) ou le Japon (5,5). Et demain, si la tendance se poursuit, il faudra 2 planètes pour répondre à nos besoins en 2030.

Prise de conscience

Face à ce constat inquiétant, les 195 pays qui participeront aux négociations climatiques auront-ils encore les moyens d’inverser la tendance ? « Oui, répond Sebastian Winkler, avec optimisme. Si nous arrivons à nous accorder sur une réduction de 30 % de nos émissions de CO2, nous pourrons infléchir la courbe. » En 2030, le jour du dépassement serait alors repoussé au 16 septembre, au lieu du 28 juin si rien ne change.

« Malgré les beaux discours, peu de dirigeants croient en l’intérêt, pour leur pays, de réduire leurs rejets, nuance Mathis Wackernagel. Pourtant, ce que montre notre indicateur, c’est que les États sont dans une situation critique. Comment faire prendre conscience à nos dirigeants qu’utiliser des ressources que l’on ne possède pas entraîne un grave risque économique ? »

Pour le fondateur du Global Footprint Network, cette prise de conscience est essentielle, car ensuite, les leviers d’action sont multiples : « Densifier les villes, transformer notre système énergétique en développant les énergies renouvelables et en économisant l’énergie, réduire la place de la viande dans notre alimentation et aussi encourager la population à avoir moins d’enfants. » Diane Simiu, du WWF France, met elle aussi l’accent sur la politique énergétique : « Les gouvernements doivent agir dès maintenant, en accélérant le déploiement des énergies renouvelables, en renforçant l’efficacité énergétique et en supprimant leurs subventions aux énergies fossiles. » Pour vivre à nouveau, un jour, dans les limites de notre planète.

Nathalie Picard

Le Monde.fr | 13.08.2015


En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/planete/article/2015/08/13/a-partir-de-ce-soir-la-terre-vit-sur-ses-reserves_4722826_3244.html#ylacwPHjo0LtOFJx.99

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12 avril 2015 7 12 /04 /avril /2015 15:52

Mardi 14 avril à 20h30

Comment le vélo peut transformer la ville !

Entrée libre

Intervenant : Olivier Razemon, journaliste indépendant

Olivier Razemon travaille pour le Monde. Voyageur, reporter et observateur du monde d'aujourd'hui, il est considéré comme l'un des meilleurs experts français sur le sujet de la mobilité et il est l'auteur de plusieurs livres dont "Le pouvoir de la pédale"

Le vélo est un moyen de transport rapide, fiable, bon marché, sain, peu consommateur d'espace, économe en énergie et non polluant. Pour les distances comprises entre 500m et 10km, il constitue souvent le mode de déplacement le plus efficace, le plus bénéfique pour l'économie et aussi le plus agréable.

De nombreux usagers, ainsi que certains décideurs, semblent avoir pris conscience de ses atouts innombrables. Mais lorsqu'on présente la bicyclette comme un moyen amené à se développer, on assiste à une levée de bouclier : le vélo devient soudain "véhicule du pauvre", "instrument difficile à manier" ou "talisman écologique pour bourgeois rêveur".

Le vélo : La voiture du pauvre ? Un sport du dimanche ? Une lubie de bobo ? Un danger public ? Un remède à la crise ? Une chance pour la ville ?... Venez en débattre !

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9 mars 2015 1 09 /03 /mars /2015 23:37

LE CERCLE D’ETUDES ET D’INITIATIVES CIVIQUES

DE COLOMBES,

LA MJC-TC

Vous présentent

Mardi 10 mars 2015 à 20h30

Arctique, réalités et enjeux : Changeons avant que le climat ne nous change !

Intervenant: André Gattolin, sénateur des Hauts-de-Seine et rapporteur de la commission européenne du Sénat sur le Groënland et l’Arctique

MJC-Théâtre de Colombes 96/98 rue Saint-Denis - COLOMBES

Avec 21.340.000 km² et 4 millions d’habitants, l’Arctique est aux avant-postes du dérèglement climatique.

La hausse des températures y est deux fois supérieure au reste du monde. Or le recul de la banquise a des incidences sur l’ensemble de la planète : augmentation du niveau des océans, menace pour les territoires insulaires, réchauffement global de la Terre...

Localement, la fonte des glaces offre des perspectives d’exploitation des immenses ressources naturelles de la région.

Le trafic maritime ainsi renforcé accroît les pollutions et bouleverse ainsi un peu plus le climat.

Face aux appétits de la Chine, de la Russie et des multinationales de l’énergie, quelle gouvernance et quelles ambitions européennes pour l’Arctique ? Quel avenir pour les peuples autochtones ? Quelles politiques pour préserver la biodiversité ?

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23 janvier 2015 5 23 /01 /janvier /2015 13:04

Le député écologiste Denis Baupin réagit à la polémique suscitée par les propos de la ministre de l’Écologie Ségolène Royal sur la construction de nouveaux réacteurs nucléaires.

Paris Match. Ségolène Royal, après avoir expliqué dans «L'Usine nouvelle» qu’il fallait construire de nouveaux réacteurs nucléaires, a affirmé que cela n’entrait pas en contradiction avec la loi de transition énergétique qui vient d’être votée -avec le soutien des écologistes. Qu’en dites-vous?
Denis Baupin. On ne peut pas dire que c’est antagonique avec le texte de la loi. De fait, il prévoit 50% de nucléaire en 2025, mais il ne dit pas ce qu’on fait en 2026. Si on restait à 50% au-delà de 2025, la question de la construction de nouveaux réacteurs se poserait, évidemment. Cette déclaration a au moins le mérite de dire clairement qu’il faut se placer dans l’optique de la fermeture des réacteurs actuels. Ça casse le discours d’EDF selon lequel on pourrait prolonger ces réacteurs ad vitam aeternam.

Alors c’est une demi-victoire pour vous…
Non ! Je ne vais pas aller jusque-là, il ne faut pas exagérer. On ne peut pas être d’accord avec l’idée que le vieux nucléaire doit être remplacé par du nucléaire neuf. Il doit être remplacé par du renouvelable. Le monde entier est en train de se tourner vers le renouvelable et la France reste accrochée à son vieux Minitel quand tout le monde passe à Internet. Nous sommes le pays le plus nucléarisé du monde, nous avons des vieux réacteurs et nous essayons de vendre des EPR alors que nous n’arrivons même pas à les construire. Il faut arrêter de s’entêter sur cette filière.

"Il faudra poser la question du nucléaire dans le cadre d'un référendum"

Ségolène Royal vous a-t-elle déçu sur ce dossier?
Je ne suis pas surpris de ce qu’elle pense, je suis plus surpris qu’elle le dise maintenant. De fait, on est en train d’élaborer une loi. Elle essaye d’avoir une position équilibrée entre les pro et les anti-nucléaires. Elle a dit à plusieurs reprises qu’elle ne partageait pas notre position sur la sortie du nucléaire et c’est légitime : c’est la position des socialistes. Mais il n’y a pas besoin d’en rajouter en lançant une discussion sur la construction de nouveaux réacteurs. Ça trouble le débat.

Comment faut-il mener ce débat, selon vous?
Le débat devra être tranché par les Français. Il faudra poser la question : pensez-vous que le vieux nucléaire doit être remplacé par du nucléaire neuf ou par des énergies renouvelables? Ce serait une question assez simple à poser dans le cadre d’un référendum.

Pourquoi le nucléaire neuf n’est-il pas viable à vos yeux?
Quand on regarde le contrat qui vient d’être passé par les Britanniques avec EDF sur les deux réacteurs Hinkley Point, on voit qu’il débouche sur un tarif garanti de l’électricité qui est le double du prix de l’électricité actuel et 30% plus élevé que le prix de l’électricité produite par les éoliennes. Est-ce vraiment le plus pertinent à proposer? Le nucléaire neuf a perdu la bataille de la compétitivité par rapport aux énergies renouvelables. En France, si on continue à se tromper en misant tout sur le nucléaire et à renflouer Areva à chaque fois qu’il y a des pertes colossales, ce sont les emplois d’aujourd’hui et de demain que l’on condamnera.

Que répondez-vous à ceux qui affirment que les énergies renouvelables ne sauraient se substituer intégralement au nucléaire?
Il faut regarder ce qui se passe dans le reste du monde. Il n’y a pas que les éoliennes et le solaire : il y a l’hydraulique, les énergies marines, la géothermie, qui n’ont pas l’irrégularité dont souffrent l’éolien et le solaire. De plus, nous sommes en train de faire de grands progrès en matière de stockage. Au Danemark, il y a un grand nombre de jours où 100% de l’énergie du pays est renouvelable. Bien sûr, c’est un petit pays, mais la France a un grand territoire, avec une grande façade maritime : on peut mettre plus d’éoliennes, on est plus ensoleillé que le Danemark. Et puis s’il faut un peu d’électricité produite par du gaz en complément -comme c’est déjà le cas aujourd’hui- cela peut servir d’accompagnement.

"Le Patriot Act a affaibli la démocratie"

En ce moment, les cours du pétrole s’effondrent. Cela risque-t-il d’entraver la transition énergétique que vous souhaitez?
C’est un très mauvais signal. Je comprends que pour l’économie française et le budget des ménages, cela soulage à court terme. Mais cela rend les économies d’énergie moins compétitives. L’Agence internationale de l’énergie, qui n’est pas un groupe d’écolos barbus et chevelus, dit qu’il faut profiter de cette baisse des cours du pétrole pour supprimer les subventions au pétrole et mettre en place une fiscalité carbone alors que c’est moins douloureux de le faire avec des prix en baisse.

Après les attaques contre « Charlie Hebdo » et contre l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, un grand débat s’ouvre sur la politique antiterroriste et la liberté d’expression. Comment les écologistes abordent-ils ces questions?
De façon équilibrée. Nous ne disons pas «tout va très bien, les services de renseignement fonctionnent parfaitement, il n’y a rien à changer». Evidemment qu’il y a nécessité de renforcer les moyens du renseignement, voire de prendre des dispositions législatives pour faciliter les écoutes. Il y a aussi des choses à changer dans les prisons. Restreindre les libertés individuelles, en revanche, non. Je suis surpris que certains prennent comme référence le Patriot Act : les Etats-Unis eux-mêmes reconnaissent les dérives que ça a occasionnées. Le Patriot Act a affaibli la démocratie sans garantir la sécurité.

Les écologistes ont parfois défendu la baisse du budget de la Défense. Est-ce toujours le cas?
Non, ce n’était pas ça : nous étions favorables au fait de baisser le budget consacré au nucléaire militaire. Nous faisons le constat que l’arme atomique ne nous sert pas à grand-chose pour protéger les Français face au terrorisme, ni pour agir au Mali, contre Daech ou en Centrafrique. Faut-il continuer à conserver les deux composantes, aérienne et sous-marine, de la force de frappe? Jacques Chirac, lui, avait supprimé la composante terrestre

Paris Match le 15 janvier 2015
Interview Adrien Gaboulaud

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2 décembre 2014 2 02 /12 /décembre /2014 22:59

 

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Les enjeux principaux  sont connus : la transition énergétique, avec pour la première fois de l’histoire une décroissance du nucléaire, mais aussi une décroissance de la consommation énergétique (- 50% à l’horizon 2050 annoncés par le Président), tout en créant des centaines de milliers d’emplois et en renouant avec l’indépendance énergétique ; redonner du pouvoir d’achat en réduisant par l’encadrement des loyers les dépenses contraintes, une mobilité moins coûteuse, les économies d’énergie ; réorienter l’économie d’un business model productiviste vers un business model circulaire ; repenser notre lien avec le reste du monde en utilisant les leviers de la diplomatie et de l’aide française au service de la paix et du développement durable (notamment la conférence climat de 2015) ; et peut-être le plus important de tous, retisser le lien social en redonnant du crédit à la parole publique, parce qu’apportant non seulement des réponses concrètes mais aussi un cap, une vision, une lecture du monde.


Sur tous ces sujets, où des pas ont été faits, mais où le sens n’est jamais vraiment donné, on peut regarder le verre à moitié plein ou à moitié vide. Mais ça a finalement peu d’importance, car la seule question qui vaille est comment faire mieux, peser plus, être plus efficace. Ca ne peut être dans une moindre implication, mais dans une implication plus déterminée encore pour démontrer que l’écologie n’est pas une sanction, que l’écologie est la solution.

 

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