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17 octobre 2011 1 17 /10 /octobre /2011 22:41

 195465975_f1166e0605_o-500x220.jpgLe 17 octobre 1961, la République a été salie par un crime d’Etat. Ce jour là,  un massacre organisé en pleine rue de la capitale a été perpétré, piloté par le Ministre de l’Intérieur Roger Frey, le Préfet de Police Maurice Papon et couvert par Michel Debré Premier Ministre et le Président de la république Charles de Gaulle.

 

Les faits sont connus : Le couvre feu imposé en France exclusivement aux Français Musulmans a été décrété le 5 octobre. Il l’a été au moment même où les négociations entre la France et le GPRA, le gouvernement provisoire algérien reprenaient après avoir été interrompu suite à la demande de la France , refusée par le FLN, d’amputer l’Algérie indépendante du Sahara et de ses richesse pétrolières.

 

Pour avoir manifesté pacifiquement à Paris contre le couvre feu discriminatoire qui leur avait été imposé par Maurice Papon, Préfet de police de Paris, des centaines d’Algériens perdirent la vie, tirés à vue, noyés , victimes d’une violence et d’une brutalité extrêmes des forces de police. Dans les jours qui suivirent, des milliers de manifestants furent arrêtés, emprisonnés, torturés ou, pour nombre d’entre eux, refoulés en Algérie.

 

50 ans après on ne connaît pas le nombre exact des victimes.

 

50 ans après, la France n’a toujours pas reconnu sa responsabilité dans ce crime d’Etat.

 

50 ans après si Maurice Papon a été jugé et condamné pour avoir organisé la déportation d’enfants juifs durant la seconde Guerre Mondiale, aucun membre de l’administration n’a été poursuivi pour ce crime qui a tué en une nuit plus d’êtres humains que la tuerie de la Place Tien AN Men en 1989.

 

Le sang répandu dans la Seine fait honte à la France.

 

On ne construit pas la République sur des mensonges, des falsifications et des occultations. Le 17 octobre 1961 fait partie à jamais de notre mémoire collective. Les peuples algérien et français ont besoin de la connaître la vérité . La génération des anciens appelés de la guerre d’Algérie, les enfants des pieds noirs et des harkis ont besoins de la connaître La jeunesse des quartiers populaires a besoin de connaître ce qu’ont subi leurs grands parents pour mieux comprendre le poids des séquelles de l’histoire. Les victimes oubliées du 17 octobre 1961 travaillaient, habitaient et vivaient en France. Ils ont été tués en France par des policiers français. Reconnaître les crimes du 17 octobre 1961, c’est aussi contribuer à l’apaisement des plaies ouvertes par l’accumulation des discriminations, des contrôles d’identité transformés en chasse aux facies Si nous ne faisons pas toute la lumière sur les guerres coloniales et leur héritage nous ajouterons aux injustices sociales le poids des discriminations mémorielles.

 

Aujourd’hui plus de 60 villes ont des monuments, des stèles, des plaques de rue à la gloire des anciens de l’OAS. La mémoire de la guerre d’Algérie devient un enjeu politique. Les nostalgiques de l’Algérie Française et de l’OAS. célèbrent les « bienfaits de la colonisation », commémorent le putsch des généraux à Alger contre la République , organisent une Fondation pour la mémoire de la Guerre d’Algérie.

 

Je refuse pour ma part que nous soyons entrainés dans une guerre des mémoires qui encourage le racisme dont sont victimes aujourd’hui nombre de citoyens ou de ressortissants d’origine maghrébine ou des anciennes colonies, y compris sous la forme de violences policières récurrentes, parfois meurtrières En 2012, l’Algérie fêtera cinquante ans d’une indépendance. Nous devons construire de nouveaux rapports entre la France et l’Algérie , entre le Maghreb et l’Europe. Pour cela commençons par reconnaître officiellement les massacres commis par la Police Parisienne le 17 octobre 1961 et les jours suivants, comme un crime d’Etat. Organisons la liberté d’accès aux archives effective pour tous, historiens et citoyens, afin que les historiens des deux rives de la Méditerranée coopèrent à la construction d’une mémoire apaisée.

 

 La République a reconnu sa responsabilité dans la chasse aux juifs sous Vichy ; Elle l’a reconnue dans l’esclavage. Elle doit reconnaître aux victimes du 17 octobre et à leurs enfants et petits enfants , qu’elle a failli. Elle en ressortira grandie.

 

Eva Joly

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9 octobre 2011 7 09 /10 /octobre /2011 16:59

Le prix Nobel de la paix 2011 a été décerné conjointement à Ellen Johnson Sirleaf, présidente du Liberia, Leymah Gbowee, militante libérienne responsable de l'organisation du mouvement pacifiste « Women of Liberia Mass Action for Peace » et Tawakkul Karman, activiste yéménite fondatrice en 2005 du groupe « Femmes journalistes sans chaînes ».


Le prix Nobel de la paix 2011 a été conjointement attribué à Ellen Johnson Sirleaf, la présidente du Liberia, Leymah Gbowee, elle aussi Libérienne, et à la Yéménite Tawakkul Karman pour leur lutte non violente pour la sécurité et les droits des femmes.


Ellen Johnson Sirleaf est la première femme à avoir été élue présidente d'un Etat africain. Sa compatriote Leymah Gbowee est récompensée pour son travail de mobilisation et d'organisation des femmes de toutes ethnies et de toutes religions pour mettre fin à la guerre civile et garantir la participation des femmes aux élections. Avec la Yéménite Tawakkul Karman, le comité Nobel distingue une femme qui a oeuvré pour la paix, la démocratie et les droits des femmes avant et pendant le printemps arabe.

Le comité Nobel souhaite que le prix décerné à ces trois femmes puisse « contribuer à mettre fin à la répression dont les femmes sont toujours victimes dans de nombreux pays et à exprimer le grand potentiel que les femmes peuvent représenter pour la paix
et la démocratie
».

Il récompense trois femmes qui ont utilisé des moyens non violents en vue de résoudre un conflit.


Ellen Johnson Sirleaf est la première femme à avoir été élue présidente d'un Etat africain. Elle brigue un second mandat lors de la présidentielle du 11 octobre au Liberia, pays de quatre millions d'habitants traumatisé par des guerres civiles qui, de 1989 à 2003, ont fait quelque 250 000 morts, détruit ses infrastructures et son économie.


Leymah Gbowee «  a mobilisé et organisé les femmes au-delà des lignes de division ethniques et religieuses pour mettre fin à une longue guerre au Liberia et assurer la participation des femmes aux élections », a noté le président du comité Nobel norvégien.

Lancée en 2002, l'initiative originale de cette travailleuse sociale voit les femmes se refuser aux hommes tant que les hostilités se poursuivent, ce qui oblige le président Charles Taylor (1997-2003) à les associer aux négociations de paix peu avant sa chute.

Elle a invité chacun à être facteur de paix "dans sa communauté". "N'attendez pas un Mandela, n'attendez pas un Gandhi, n'attendez pas un Martin Luther King, mais soyez votre propre Mandela, votre propre Gandhi, votre propre Martin Luther King".

"Vous connaissez vos problèmes, vos motifs d'inquiétudes, vos priorités et vous êtes les mieux placés pour travailler à votre propre paix parce que personne ne le fera mieux que vous", a-t-elle ajouté.

Pour la lauréate, son prix est aussi "un hommage à Wangari Maathai", la première femme Africaine couronnée en 2004. Cette militante écologiste kényane, récemment décédée, avait menée un combat contre la déforestation.

http://memorix.sdv.fr/5/www.ladepeche.fr/infos/Evenement-afp_articles/251110757/Position1/SDV_LDM/default/empty.gif/556e794531557a376c30514142573848?motcle=karman&rub= 

 

Tawakkol Karman, première femme arabe à recevoir le prix Nobel de la paix, est une figure emblématique du soulèvement populaire qui secoue le Yémen dans le cadre du "printemps arabe". Militante depuis des années pour la liberté d'expression et les droits des femmes, elle a joué un rôle de premier plan dans le déclenchement fin janvier du mouvement de contestation populaire au Yémen.

Tawakkol Karman avait été brièvement arrêtée fin janvier pour son rôle dans le s manifestations. Elle est membre du Conseil de la Choura (équivalent du comité central) du parti d'opposition islamiste Al-Islah, au sein duquel elle est connue pour s'opposer au courant salafiste. Elle avait fait ses débuts dans le journalisme revêtue du voile intégral à l'instar de la plupart des femmes yéménites, mais s'est par la suite contentée de se couvrir la tête d'une voile de couleur. Tawakkol Karman avait fondé en 2005 le groupe "Femmes journalistes sans chaînes". Dans des déclarations aux chaînes satellitaires al-Jazira et al-Arabiya, la jeune femme a dédié son prix Nobel aux militants du "Printemps arabe".

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24 septembre 2011 6 24 /09 /septembre /2011 18:50

senat.jpgLe navire Sarkozy perd la boussole et emmène dans son sillage tous les symboles de son ancienne puissance. Il suffit d’écouter les informations pour être repus des scandales de l’Etat-UMP ces derniers jours, impliquant les plus hauts responsables politiques de l’Etat et de l’administration policière, militaire et judiciaire.


Il faut lire « 9-2 le clan du président » chez Fayard,  pour comprendre les coulisses de la mise en coupe réglée du département des Hauts-de-Seine par les Pasqua boys.

I

l faut lire le livre des journalistes G Davet et F Lhomme, « Sarko m’a tué » chez Stock, et les déclarations de Devedjian et de l’ancien Préfet Bousquet de Florian pour comprendre la haine qui émane de tous ces hommes et ces femmes de pouvoir, de police, d’affaires et d’argent ;  comment Sarkozy, quand il s'est aperçu que Devedjian avait gagné contre les Balkany et contre son fils, que la révolution de palais qui devait mettre A-B Boulanger sur le siège de président du Conseil Général avait fait plouf, ou pschitt pour se rappeler quelques souvenirs, parle du maire de Villeuve-la-Garenne(« on ne va pas tout de même pas mettre un paralytique  à la tête du conseil général. Comment il s’appelle déjà, le trépané ? »(p334) ;  la haine entre Devedjian et les Balkany, les manœuvres de JJ Guillet, député, ancien du RPF de Pasqua, donc ancien soutien de Balladur, maire de Chaville, président du SIGEIF et de l’UMP du 92, etc, etc , etc

 

Oui, le  clan du 9-2  a perdu de sa superbe. Il n’est qu’à constater la progression des scores des gauches et des écologistes à chaque élection depuis plusieurs années. Il n’est qu’à voir l’émergence de nouveaux hommes et femmes politiques de droite non inféodés à l’UMP,  à commencer par le maire de Neuilly qui a taillé des croupières au sarkozisme dans son fief.

 

Demain, les élections sénatoriales seront l’occasion de confirmer la mise à mal de la droite sarkoziste dans le département.

 

Je fais partie de ceux qui critiquent le mode de scrutin et le rôle du Sénat, peu représentatif de la France réelle, incapable de s’auto-réformer, reflet d’un parlementarisme plutôt tourné vers le passé, incapable de s’adapter aux réalités de demain, et de s’inscrire dans des réponses non libérales aux urgences sociales, économiques, écologiques, démocratiques,.

 

Malgré cela, je suis conscient que la poussée des gauches et des écologistes lors des derniers scrutins électoraux peut conduire au basculement de la majorité au Sénat, et préparer mieux ainsi l’alternance en 2012.

 

La liste « Pour des territoires solidaires, écologiques et citoyens. Changeons le Sénat!" rassemblant le PS, le PC, EELV, des Citoyens offre la possibilité d’avoir un troisième sénateur – André Gattolin- dans le département, qui plus est un sénateur écologiste. Ce siège, et d’autres en France, peuvent faire perdre la majorité à la droite au sein de la « haute assemblée ».  

 

Pour cela, il ne faut pas que les voix des grands électeurs de gauches ou écologistes se dispersent sur des listes de témoignage, même si elles ont toute leur légitimité politique.

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29 août 2011 1 29 /08 /août /2011 23:07

laiiser-grandir.jpgUne famille d'origine égyptienne, copte, sans papiers, est en danger à Courbevoie. 2 enfants de 6 et 13 ans scolarisés, le père interpellé suite à un contrôle d'identité à la Défense le 16 aout et en centre de rétention depuis.  La situation reste bloquée à ce jour.

 

Merci de votre aide,  signez et faire signer massivement cette pétition RESF. C'est urgent.

 

http://www.educationsansfrontieres.org/?page=article&id_article=37862 

 

Plusieurs articles déjà dans le Parisien 92, l'Humanité, Libération

 

http://www.liberation.fr/societe/01012355928-des-brimades-en-egypte-aux-embuches-en-france-itineraire-d-un-copte-sans-papiers

 

http://www.laissezpasser.info/post/Une-journ%C3%A9e-ordinaire-devant-le-juge-des-libert%C3%A9s

 

Monsieur le président de la République,

Recevant les autorités religieuses le 7 janvier 2011, vous aviez placé cette cérémonie des vœux sous l’égide de la défense des Coptes d’Egypte, victimes selon vos propres termes, d’une « épuration » dont le massacre de 21 chrétiens à Alexandrie le 31 décembre avait été le dernier épisode.

C’est très précisément pour fuir ces persécutions que Sameh et Gihane TEORORE se sont réfugiés en France en 2007 avec leur fils aîné, Peter, âgé aujourd’hui de 13 ans, élève de cinquième au collège Alfred de Vigny de Courbevoie. Ils se sont établis à Courbevoie et sont bien connus au sein de la communauté Copte. Ils ont, depuis lors eu un second enfant, Jonathan, 6 ans, qui va entrer en CP à l'école Logié.

Ils figuraient sur la liste des demandes de régularisation que Girguis Lucas, prêtre doyen de la paroisse Ste-Marie et St-Marc de Châtenay-Malabry a déposée après que vous l’avez reçu. Ils n’ont eu aucune réponse.

Sameh TEODORE a été contrôlé à Nanterre à sa descente d’un autobus. Interpellé, placé en garde à vue, il a été conduit à signer des documents qu’il ne comprenait pas faute d’interprète. Il a ensuite été placé en rétention au Mesnil-Amelot.

Nous vous demandons, Monsieur le président de la République, au nom des persécutions contre les Coptes égyptiens que vous avez si bien évoquées le 7 janvier 2011 de faire libérer Sameh TEODORE et de faire attribuer un titre de séjour Vie privée et familiale ainsi qu’à sa femme Gihane.

Nous vous prions, Monsieur le président de la République, d’agréer l’expression de nos salutations respectueuses.

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17 août 2011 3 17 /08 /août /2011 21:13

Le 4 août 2011, Mark Duggan, un britannique de 29 ans, est abattu par la police lors d'une interpellation. Deux jours plus tard, le quartier londonien de Tottenham s'embrase. Manchester, Birmingham, le mouvement se répand et débouche sur plusieurs nuits d'émeutes et de pillages, faisant au moins cinq morts. Après une mobilisation massive des forces de police, les émeutes se calment, laissant derrière elles une Angleterre hébétée.

 

Sud-Ouest 11 08 2011

La Grande-Bretagne fait tout pour juguler ses émeutes urbaines. Mais, là comme ailleurs, les racines de la violence semblent profondes. Entretien avec Alain Bertho, spécialiste des phénomènes émeutiers

 « Sud Ouest ». L’hiver dernier, des manifestations étudiantes s’étaient soldées par des violences dans le centre de Londres. Y a-t-il des points communs avec les troubles actuels ?

Alain Bertho. La matrice qui conduit à ce type d’affrontement est toujours la même : un effondrement de la représentation politique telle qu’on la connaît depuis un siècle. Il y a un certain nombre de colères et de frustrations qui ne trouvent plus d’espace politique pour s’exprimer. Les jeunes de Manchester et de Birmingham sont face au même mur d’incompréhension que les étudiants britanniques confrontés à l’envolée de leurs droits d’inscription. En ont-ils conscience, ce n’est pas sûr ! Les cibles ne sont pas identiques, à quelques mois d’intervalle, mais le passage à l’acte est plein de réminiscences. Rappelons-nous que le siège du Parti conservateur a été mis à sac par les étudiants. Et, en mars, la grande manifestation organisée à Londres contre la réforme des retraites s’est aussi terminée par des échauffourées, un fait assez rare dans la période récente en Grande-Bretagne.

S-O : Les émeutes au Royaume-Uni, le mouvement des Indignés en Espagne, les violences en Grèce… La jeunesse européenne est-elle en révolte ?

AB : L’émergence de coups de sang collectifs est un phénomène mondial qui s’exprime de façon identique d’un continent à l’autre à partir de situations assez récurrentes, dont la mort d’un jeune. Il y a d’autres faits générateurs qui reviennent, comme les mobilisations étudiantes, les coupures d’électricité (pas en Europe) ou encore la répression du commerce informel. In fine, on retombe invariablement sur les effets de la mondialisation. On dénombre plus de 1 200 émeutes dans le monde en 2010, plus de 1000 depuis le 1er janvier de cette année. Les acteurs de ces émeutes sont des jeunes, qu’ils soient éduqués, issus de classes populaires ou chômeurs. Le cas français est assez spécifique. Chaque classe sociale explose dans son coin. C’était également vrai en Grèce avant 2008, dans une certaine mesure.

S-O : Comment expliquer que les mêmes causes sociales ne débouchent pas sur les mêmes débordements ? L’Irlande a manifesté pacifiquement contre la rigueur en novembre 2010…

AB : L’alchimie nationale est toujours particulière. En Grèce, la « génération 600 euros », c’est tout le monde. La colère, c’est tout le monde. La question des mots utilisés par les gouvernements pour se justifier est également essentielle. En 2005, en France, c’est la mort de deux jeunes, mais aussi la façon dont on l’a commentée, qui ont déclenché les feux.

SO : Et le mouvement des Indignés, en Espagne ?

AB : C’est un mouvement extrêmement intéressant. Son inspiration est sans doute à chercher du côté du printemps arabe. La contestation de masse n’y est pas réduite à l’affrontement et à la défaite. Elle passe par la parole, par la possibilité de porter un discours et des revendications. Tant qu’il n’y a pas de réponse violente du pouvoir, il n’y a pas de basculement dans l’émeute. Ces modalités permettent une circulation de la mobilisation d’un pays à un autre. Alors qu’il n’y a pas de contagion de l’émeute hors des frontières.

S-O : Qu’il s’agisse d’Israël, de l’Espagne ou de la Grande-Bretagne, la classe politique semble stupéfaite. Pourquoi ?

AB : Elle a partout les yeux rivés sur les contraintes internationales. À partir du moment où la survie des États est à la merci des agences de notation et des marchés financiers, les marges de manœuvre pour les politiques sociales sont annihilées. Les gouvernants sont tétanisés par ce carcan. Ils ont parfois du mal à se rendre compte qu’ils sont en charge d’un peuple. C’était particulièrement éclatant dans les jours qui viennent de s’écouler.

S-O : Les ingrédients pour une flambée de violence existent-ils en France ?

AB : On les a en permanence depuis 2005. Il y a quelque chose de larvé depuis cette date. Notre pays est l’un de ceux dans le monde où l’on compte le plus d’émeutes après la mort d’un jeune. 2005, 2007 à Villiers-le-Bel, Grenoble l’an passé, Saint-Aignan… À un moment, des centaines de personnes qui ne se connaissent pas se retrouvent pour se rebeller à partir d’un élément déclencheur. Mais personne ne peut savoir si cela arrivera ici, ni quand

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5 juillet 2011 2 05 /07 /juillet /2011 23:13

Un remaniement entre convenances personnelles, calculs préélectoraux et reniements des engagements pris devant les Français, c''est ainsi qu'il faut examiner le dernier remaniement gouvernemental.

 

Au lendemain de la nomination de C.Lagarde au FMI, qui traduit le sentiment d'impunité qui règne au sommet de l'Etat, le Président et son premier ministre viennent de procéder à un énième remaniement gouvernemental.

 

C'est l'occasion de juger, sur pièces, des engagements pris en 2007 par le président Sarkozy.

 

"Si je suis élu, mon gouvernement sera limité à 15 ministres" écrivait le candidat Sarkozy dans son projet de 2007 : avec 5 entrées pour 1 départ, le gouvernement compte désormais 33 membres...

 

" Je ferai de la France une démocratie irréprochable" : en inventant de toute pièce le secrétariat d'Etat aux Français de l'étranger, accordé à David Douillet, le président tente de soigner un électorat qui disposera, du fait de sa réforme constitutionnelle, de 7 députés en 2012. Cette nomination de circonstance ne trompe personne, pas plus que la promotion de "centristes" qui se voient récompensés de leur refus de rallier Borloo... L'état irréprochable c'est pour plus tard !

 

"La parité doit être promue à tous les échelons de responsabilités" : avec 4 hommes pour 1 femme parmi les entrants, ce gouvernement est le moins paritaire depuis dix ans !

 

On note une nouvelle fois le peu de cas que fait le président des affaires européennes, dont le ministère change encore une fois de titulaire : 5 secrétaires d'Etat ou ministres aux affaires européennes depuis 2007...et celui qui quitte après une prometteuse entrée en matière n'a été au final qu'intéressé moins par les défis européens que par sa promotion...

 

Et on ne peut que s'étonner de voir le titulaire du portefeuille des Transports hériter d'un ministère de plein exercice : une telle promotion tient sans doute plus à l'appartenance de Monsieur Mariani à la très droitière "Droite Populaire" qu'au bilan de son action gouvernementale !

 

Décidément, il est temps que tout cela finisse...

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19 juin 2011 7 19 /06 /juin /2011 22:49

L'ancienne dissidente soviétique Elena Bonner, veuve du prix Nobel de la paix Andreï Sakharov, est morte samedi à Boston à l'âge de 88 ans, a-t-on appris auprès de sa fille Tatiana Iankelevitch.

Elena Bonner, qui a succombé à une défaillance cardiaque, était hospitalisée depuis le 21 février.

Elle était née le 15 février 1923 à Merv, dans l'actuel Turkménistan.

 

D'abord connue comme la femme du dissident Andreï Sakharov, le prix Nobel de la paix 1975, qu'elle avait épousé en 1971, Elena Bonner s'était forgé sa propre réputation de militante infatigable pour les droits de l'Homme face au régime soviétique.

 

Le petit appartement moscovite du couple était devenu le siège officieux du mouvement de dissidence dans l'URSS des années 70, jusqu'à ce qu'Andreï Sakharov soit condamné à un exil intérieur à Gorki, aujourd'hui Nijni-Novgorod, en 1980. Elena Bonner avait elle aussi été bannie à Gorki quatre ans plus tard.

 

Dans le cadre des réformes de la présidence de Mikhaïl Gorbatchev, le couple avait été autorisé à regagner Moscou en 1986 où ils avaient continué leur combat jusqu'à la mort d'Andreï Sakharov en 1989.

Tous deux faisaient l'objet d'un harcèlement perpétuel de la part des autorités. Les responsables soviétiques s'attaquaient régulièrement à Elena Bonner, présentée comme un agent étranger qui avait fait pression sur son époux, le père de la bombe atomique soviétique, pour qu'il se retourne contre son pays.

 

Après le décès de Sakharov, et l'effondrement de l'URSS deux ans plus tard, Elena Bonner avait poursuivi le combat pour la défense des droits de l'Homme. Mais elle s'était fait de plus en plus discrète, alors que sa santé se dégradait. Elle avait notamment souffert de deux crises cardiaques, en 1995 et 1996.

 

Elle avait néanmoins travaillé à l'édition des mémoires de son mari, publiées en 1997, et pris la parole pour dénoncer la politique de Boris Eltsine, critiquant la guerre en Tchétchénie et les manques de la jeune démocratie russe.

 

Ces derniers années, elle avait apporté son soutien aux opposants à Vladimir Poutine, ancien agent du KGB, devenu président puis Premier ministre. En mars 2010, elle avait été la première à signer une pétition appelant au départ de Poutine.

 

En décembre dernier, faute de pouvoir se déplacer, elle avait envoyé un discours qui avait été lu lors d'une manifestation de l'opposition à Moscou. "Considérez que je suis venue, une fois encore pour sauver ma patrie, même si je ne peux pas marcher". AP

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23 mai 2011 1 23 /05 /mai /2011 23:02

Il y a peu de temps, le 8 mai, nous célébrions l’anniversaire de la capitulation nazie en 1945. Le monde pouvait espérer que les génocides, et plus largement  les fascismes  et les totalitarismes disparaitraient de la surface de la terre. C’était ignorer ce dont la furie des hommes est capable.

 

Et puis hier soir, j’ai revue Persépolis, de Marjane Satrapi, beau film de dessins animés, tiré de ses livres, sur l’histoire d’une fillette qui devient adolescente dans l’Iran du Schah et des Ayatollah.

Alors qu’on massacre allègrement, que les tueurs se croient impunis, dictateurs ou mafias organisées, en Syrie, en Côte d’Ivoire, au Mexique, en Tchétchénie, en Palestine, j’ai repensé à ce beau texte de Paul Eluard qui s’appelle « Liberté ».

 

Ici ou là, le temps laisse le temps tuer, massacrer, torturer, anéantir.

 

Mais ici ou là, des femmes, des hommes, des peuples se nourrissent d’espoirs, de l’espérance de la liberté : liberté de pensée, liberté d’opinion, liberté de religion, liberté d’aimer, liberté d’être des Etres humains, tout simplement. C’est tellement peu, et c’est tellement beaucoup.  

 

Liberté , de Paul Eluard

 

Sur mes cahiers d'écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable de neige
J'écris ton nom

Sur les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J'écris ton nom

Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J'écris ton nom

Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l'écho de mon enfance
J'écris ton nom

Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J'écris ton nom

Sur tous mes chiffons d'azur
Sur l'étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J'écris ton nom

Sur les champs sur l'horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J'écris ton nom

Sur chaque bouffée d'aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J'écris ton nom

Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l'orage
Sur la pluie épaisse et fade
J'écris ton nom

Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J'écris ton nom

Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J'écris ton nom

Sur la lampe qui s'allume
Sur la lampe qui s'éteint
Sur mes maisons réunies
J'écris ton nom

Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J'écris ton nom

Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J'écris ton nom

Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J'écris ton nom

Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J'écris ton nom

Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attendries
Bien au-dessus du silence
J'écris ton nom

Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J'écris ton nom

Sur l'absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J'écris ton nom

Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l'espoir sans souvenir
J'écris ton nom

Et par le pouvoir d'un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

Liberté.


Paul Eluard
in Poésies et vérités 1942
Ed. de Minuit, 1942

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28 janvier 2011 5 28 /01 /janvier /2011 01:42

Au mois d'octobre dernier, j'avais rédigé un billet  sur les massacres du 17 octobre 1961: la pire des ratonnades jamais commises en France, des milliers de manifestants  arrêtés, parqués dans des stades, battus, torturés. et trois morts admis par la police, 300 par les historiens.

Ce soir, j'ai mis un long papier en ligne sur le stade Yves du Manoir, qui a été un camp d'internement au début de la guerre contre l'Allemagne en 1939 mis en place par les gouvernements légitimes de la 3ème République.

Dans les deux  cas, deux constats:

- une occultation de la mémoire de faits historique, voire leur négation.

- une défaillance des institutions de la République, avec des politiques et des administrations qui appliquent avec zèles consignent qui flattent les bas-instincts de la pensée et de la dignité de l'Homme.

En fait, il revient aux citoyens, premiers acteurs de la République, qui la font vivre sur un ensemble de valeurs et de règles,  d'être vigilants.

Dans quelques mois, peut-être pourrons-nous célébrer ensemble ces deux anniversaires : en septembre, le 71ème anniversaire de la déclaration de guerre contre l'Allemagne et l'enfermement au stade de Colombes. En octobre, le 50ème anniversaire du massacre contre les algériens qui réclamaient leur indépendance.

Dans les deux cas, deux lieux symboliques de Colombes: le stade Yves du Manoir, le pont de Bezons.

Face aux dérives du gouvernement et du parlement depuis quelques années, face aux discours xénophobes et racistes, nous pouvons, nous devons montrer que nous sommes capables de rappeler quelles sont les valeurs que nous portons.  Ces valeurs qui fondent nos engagements, qui nous permettent de nous côtoyer les uns et les autres, de vivre le présent et de préparer l'avenir dans le respect de l'autre. Des valeurs qui sont gravées aux frontons de nos mairies. Nous ne laisserons pas les principes de la République de côté

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28 janvier 2011 5 28 /01 /janvier /2011 01:15

Par Sandrine Bélier et Eva Joly | Eurodéputées Europe Écologie-Les Verts

 

Alors que la Hongrie est montrée du doigt en raison d’une loi sur les médias que François Baroin, le porte-parole du gouvernement, a jugé incompatible avec les traités fondamentaux européens, la droite française s’apprête à voter cette semaine la Loi de programmation pour la performance de la sécurité intérieure, dite Loppsi 2.
Un texte dont les effets sur les libertés fondamentales, pour être plus insidieux, n’en sont pas moins dangereux, irresponsables et contraires aux valeurs de l’Union européenne et des droits de l’homme. Si le Sénat devait adopter en deuxième lecture la Loppsi 2, c’est l’ensemble de l’État de droit français qui serait remanié au bénéfice de procédures dangereuses.

Par exemple, l’article 36A, dénoncé avec vigueur par le Syndicat de la magistrature : les audiences judiciaires pourront désormais se faire par « visioconférence ». Le justiciable incarcéré préventivement sera confronté à ses juges sans quitter son lieu de détention, et sans que les juges ne se déplacent. Seul lien entre les parties, une webcam et quelques micros…

« Quiconque a déjà vécu l’audition d’une victime ou l’interrogatoire d’une personne détenue sait pertinemment que c’est dans le contact direct, avec des mots, des regards, des gestes, des silences, que se noue la relation entre le juge et le justiciable », dénonce le Syndicat de la magistrature. En transformant les tribunaux en salles virtuelles, hors de tout contrôle populaire, on porte atteinte à « l’essence même de la relation judiciaire ».
« Le début d’une dangereuse déshumanisation »

Ce système tourne le dos à l’esprit de la justice et du droit, c’est le début d’une dangereuse déshumanisation. Signalons que ces salles virtuelles existent déjà et n’attendent plus que l’adoption de la Loppsi 2 par le Sénat pour être rendues opérationnelles.

C’est notamment le cas au nouveau centre de rétention du Mesnil-Amelot, « dédié » aux étrangers en situation irrégulière, concernés par l’article 36B du texte. Même principe que pour l’article 36A. D’une décision rendue par caméra interposée dépendra leur expulsion du territoire.

Autres populations concernées par la Loppsi 2, les mineurs, qui pourront être déférés en comparution immédiate – ce que les tribunaux pour enfants s’interdisaient, leur fonction particulière comportant une dimension préventive essentielle, prioritaire sur la répression.

Les vendeurs à la sauvette (article 24 sexies), aussi, pour lesquels sont instituées des peines de prison de six mois ou d’un an ferme, en sus d’amendes, jusque-là plafonnées à 750 euros, et majorées à 3 750 euros ou… 15 000 euros si le délit est commis en groupe – ce qui est généralement le cas. Ceci sans pour autant s’attaquer au cœur des réseaux de contrebande…

Quant aux gens du voyage, après l’affaire des Roms dénoncée à juste titre par la vice-présidente de la Commission européenne, Viviane Reding, l’article 32 ter A prévoit qu’ils pourront être expulsés d’un terrain même s’ils y séjournent avec l’accord du propriétaire. Même s’ils en sont propriétaires, ce qui est le plus souvent le cas.

Le tout via une procédure de 48 heures qui ne pourra être contestée que sur recours devant un tribunal administratif, qui devra statuer dans les 72 heures. Dans la pratique, l’ensemble de la procédure pourrait ne durer qu’une semaine et les défendeurs, s’ils ne se conforment pas à un avis d’expulsion, être en outre passibles d’une amende de 3 750 euros.
« On remplace des services publics par des milices »

Dernière mesure, de loin non exhaustive, l’article 37 quater prône la constitution d’une « réserve civile de la police nationale » et d’un « service volontaire citoyen de la police nationale ». Dans ce cadre, tout citoyen âgé de 17 à 65 ans pourra travailler 45 ou 90 jours par an au service de la police, en étant indemnisé (et exonéré d’impôt sur ces rémunérations également exonérées de charges sociales).

Étrange société que nous prépare cette majorité, où l’on remplace des services publics, des fonctionnaires d’État par des milices. Les forces de l’ordre ont besoin de moyens et d’une formation de qualité pour être au contact des toutes les réalités de notre pays. Au lieu de ça, les partisans de cette loi préparent de nouveaux drames.

Et cela vaut aussi pour les transports publics, dont les agents devraient être amenés à jouer le rôle d’auxiliaires de police. Eric Ciotti, le rapporteur de la loi devant l’Assemblée, dit que lorsque ceux-ci seront confrontés à un contrevenant, si celui-ci « refuse ou se trouve dans l’impossibilité de justifier de son identité, les agents de l’exploitant devront (le) conduire sur le champ devant l’officier de police judiciaire territorialement compétent »…

Transformation, hier, avec Hadopi, des fournisseurs d’accès à Internet en police privé sur le Net. Mise en place, aujourd’hui, avec la Loppsi 2, d’une justice virtualisée, d’une « réserve civile » de la force publique, d’une chasse préfectorale aux plus démunis, d’une transformation des agents des transports publics en auxiliaires de police… Notre France tourne le dos à nos principes fondateurs de 1789 des droits de l’homme et du citoyen.

Nos sénateurs auront cette semaine un choix crucial à faire. Un choix de société. Celui de la cohérence, celui d’une France de la répression ou d’une France dont la classe politique s’engage à faire face et trouver les solutions pour réduire les inégalités et la misère qui touchent les Français.

Ils ont à montrer l’exemple et défendre l’Etat de droit et les libertés publiques sur notre propre sol, conformément à ce que devrait être l’engagement de tous dans notre République.

 

 

 


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