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12 juin 2014 4 12 /06 /juin /2014 13:10

 Oui, ça traine ! La transition énergétique était pourtant l’une des grandes affaires de ce printemps. La loi devait être examinée à l’Assemblée ces jours ci. Pour lui donner tout le lustre que requiert cette réforme, censée révolutionner une bonne partie de nos vie, on avait chargé Ségolène Royal, au volontarisme à toute épreuve, de la défendre. Et puis, après tous ces roulements de tambours, tous ces « vous allez voir ce que vous allez voir », Rien… Pour l’instant du moins. Le projet ne sera au parlement qu’à l’automne, peut-être à l’hiver prochain. Avec une très grande incertitude quant à son contenu ! Ségolène Royal dit, d’après le Canard Enchainé, que ses prédécesseurs n’ont rien fait. La ministre de l’environnement exagère. Ou du moins elle ne peut pas désigner directement le responsable. Parce qu’en fait, ses prédécesseurs se sont constamment heurtés à un mur nommé François Hollande.


La transition énergétique c’est la mise en place de plans de financement complexes et ambitieux pour l’isolation massive des bâtiments, ce sont des investissements dans la recherche, une réorientation de tout un pan du secteur de l’énergie. Et pour l’instant, la main du président se dérobe quand il s’agit de réduire, ne serait-ce qu’un peu, la part du nucléaire malgré les promesses. Pour l’instant même si les calculs sont contestables, le nucléaire, domaine pour lequel la France excelle, produit une énergie réputée moins chère. Mais les énergies renouvelables, par nature, ont vocation à devenir beaucoup plus rentables à moyen et long terme.


 Encore faut-il y croire !


Et François Hollande n’y croit pas. Beaucoup de ceux qui ont essayé, (au PS ou chez les verts), de sonder les reins du président sur ces questions, en sont maintenant convaincu : le discours de François Hollande sur la transition énergétique n’est qu’une variable d’ajustement politique. Le président n’a pas l’intention de baisser la part du nucléaire et ne veut pas risquer d’entamer les maigres chances de reprises de la croissance en renchérissant, ne serait-ce que transitoirement, le prix de l’énergie. Ségolène Royal risque de se retrouver devant le même mur que ces 3 prédécesseurs et que les deux ministres écologistes, qui (pour ces derniers) ont donc eu bien raison de ne pas rester dans ce gouvernement ! Les ministres de l’écologie de François Hollande, Bricq, Batho, Martin, Royal (4 en 2 ans, c’est dire !) se sont retrouvés face à une injonction paradoxale. Ils devaient faire semblant, incarner une politique qui n’est pas menée.


L’accord programmatique avec les verts, le discours écologiste assez poussé du début de mandat, notamment devant le Conseil Economique, Social et Environnemental à l’été 2012, n’était donc que de la tactique. Ségolène Royal est censée présenter la loi au conseil des ministres du 18 juin prochain. Mais pour l’instant les arbitrages ne sont pas rendus. François Hollande retarde l’heure de vérité, l’heure où il devra trancher entre ce qu’il croit vraiment et ce qu’il a annoncé. Le dernier espoir de ceux qui souhaitent une vraie transition énergétique, c’est Ségolène Royal. La ministre a-t-elle assez de conviction et d’autorité pour imposer cette réforme ? Et surtout y mettre du contenu ! Nous le sauront bientôt. Jusqu’à preuve du contraire, et aux vues de tous les retards, des propos sans suite sur le sujet, le discours écologiste de François Hollande est certainement la plus grande mystification de ce début de quinquennat.


 Edito politique de Thomas Legrand, France Inter, 12 juin 2014

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